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Ecodouble
25 février 2011

Les schistes de l'enfer

J'essayerai de vous parler, en profondeur, des gaz de schistes dans un article à venir : en tant que géologue, c'est le moins que vous puissiez attendre de moi.

Mais dans l'immédiat, ce que je veux dire, c'est que si vous ne voulez pas croire qu'il n'y a plus beaucoup de pétrole, il vous suffit de constater avec quel empressement et frénésie "les acteurs fous de l'énergie" déposent des demandes de permis d'exploration des formations schisteuses en France, quitte à dévaster définitivement notre sous-sol, en injectant des quantités astronomiques de produits chimiques toxiques, pour que peut-être vous commenciez à reconsidérer votre opinion.

Et ce que je veux dire aussi à propos de ce qu'il faut désormais appeler le scandale du gaz de schiste (shale gas en anglais), révélé seulement il y a quelques mois, c'est que le premier permis accordé l'a été au début de 2006, pour une exploration en Ariège et en Haute-Garonne. C'est en quelque sorte la dernière nouvelle sur le sujet.

Ainsi, durant presque 4 ans, les pouvoirs publics nous ont menti ! Et ne nous ont rien dit du comment ils nous avaient vendus à des entreprises américaines, sans scrupule aucun en terme d'écologie.
Personne n'était au courant dans la population. Pas même les élus.
Nos dirigeants ont fait un rideau de fumée avec le Grenelle et les énergies renouvelables dont ils n'avaient de cesse de parler et nous ont caché qu'en fait ils n'avaient d'autres préoccupations que de nous emmener plus avant dans l'impasse que constitue l'exploitation des hydrocarbures, fussent-ils nommés non-conventionnels, bien qu'ils soient chimiquement les mêmes que les autres, cela afin de satisfaire tous les lobbies leurs amis.

Le premier permis, c'était donc sous Chirac ! qui en endossera la responsabilité au regard de l'Histoire ; lui qui nous avait laissé en 2004 la charte de l'environnement et son principe de précaution.
Mais peut-être avait-il déjà oublié tout ce qu'il avait déjà fait !

Pourtant, il y a de fortes chances pour que notre "Président-tapoteur-du-cul-des-vaches" ne soit en rien responsable de l'affaire car ceux qui délivrent ces permis sont des gens appartenant à une caste toute puissante dans notre pays : celle des ingénieurs des Mines.
Ils sont sûrs d'eux, certains de savoir ; du moins le grand âge de leur institution les enclinent à le penser.

Ce corps d'Etat fut créé en effet il y a plus de deux siècles et le fait d'avoir survécu à tous les changements de régime survenus depuis lors fait que, sans doute, ils se sentent infaillibles au point de pouvoir vraisemblablement oublier de rendre des comptes ou de demander des permissions.

La petite histoire montre par exemple que c'est l'un d'eux qui nous a lancé dans la course folle du nucléaire sans débat public, en convainquant de Gaulle et Messmer.
De même, c'en est un autre qui a délivré début 2010 le permis d'explorer dit "permis de Nant", Nant étant un bourg de l'Aveyron (il a signé pour "Borloo le courageux" mais je n'ai plus son nom en tête).
Dès lors, il doit bien s'en trouver un troisième qui aura donné celui de 2006, à moins que ce ne soit le deuxième : faut voir !
En tout cas, ce Monsieur qui n'est qu'un simple fonctionnaire (ce n'est pas péjoratif pour les petits fonctionnaires), n'a pas non plus daigné penser qu'un débat public s'imposait pour pareille décision et même s'il se trouve qu'on lui ait donné l'ordre de signer, il faut être certain d'une chose : la caste des Mines avait sans aucun doute largement oeuvré préalablement à convaincre nos politiques du bien fondé de cette "nouvelle" énergie.

Aujourd'hui, NKM (que finalement, vu son laxisme à l'égard des lobbies, je classe parmi les minables, avec tous les autres pourritiques), devant la Fronde qui se développe dans le Sud de la France, a demandé une enquête sur ces gaz de schistes et sur la façon qu'on a de les exploiter.
Et tout naturellement, parce que nous sommes en démocratie, l'enquête, elle l'a confiée à la caste ... des ingénieurs des Mines.
Si ce n'est pas la meilleure voie pour qu'on nous affirme, dans deux mois (c'est le délai), qu'il n'y a aucun danger (comme pour le nucléaire) à puiser dans cette ressource, alors je n'ai rien compris ! 

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